Note de la rédaction : Voici un hommage et un témoignage d’une situation parmi des centaines d’autres lors d’adoption chez des particuliers qui, au choix :

  • Ne s’y connaissent pas assez voire pas du tout
  • Ne sont pas regardants
  • S’amusent à mettre papa dans maman parce que les ratons c’est mignon quand même mais quand ça grandit c’est moins fun et ça prend de la place alors on les vend parce que d’abord on a payé leur nourriture et leur litière… puis après on recommence
  • Se fichent du devenir de l’animal
  • Souhaitent juste avoir une rentrée d’argent
  • Parfois plusieurs de ces points cumulés

Là en l’occurrence, Mallaury est tombée sur une personne qui, au choix, n’y connaissait rien ou a forcé la vente (à un âge inadéquat qui plus est)… Ou les deux, après tout, qui sait.  Il nous est extrêmement difficile en tant qu’association d’empêcher qui que ce soit d’adopter chez des particuliers de ce type, mais de nouveau, nous insistons fortement sur un point qui pourra déjà peut être vous aider à faire un tri important : N’ACHETEZ PAS VOS ANIMAUX. Evidemment, généraliser n’a jamais été une bonne idée : Il y a des particuliers qui ont vraiment dans l’idée d’aider et de partager leur passion, et qui se retrouvent avec une portée suite à un sauvetage, qui ne savent tout simplement pas quoi ni comment faire… et d’autres, dont on entend bien plus souvent parler, beaucoup moins scrupuleux et regardants.

Faites attention à qui vous parlez.  Demandez le contexte de la portée, et renseignez-vous au maximum sur les conditions de vie des ratons, des parents… Prenez votre temps, ne vous précipitez pas, et posez un maximum de questions. Ne cédez pas à la pression souvent appliquée lors de ce genre de transactions : On vous montre quelques photos, vous vous attachez, puis on vous explique qu’on ne fait pas de réservation, qu’ils peuvent partir du jour au lendemain, etc.

Gardez bien en tête que si vous n’adoptez pas ce/s raton/s, vous pourrez en adopter un/des autre/s, quand il sera temps, tout simplement.

Hommage Prunille

Je m’appelle Mallaury et j’habite en Normandie, plus précisément en Seine-Maritime. J’ai des rats depuis 3 ans et je vais vous parler de l’expérience qui fut, pour moi, la plus horrible de toute mon aventure ratounesque.

Le contexte

Comme beaucoup je n’ai pas de raterie à moins de deux heures de route de chez moi. J’ai déjà adopté via une raterie mais en dehors d’eux, la grande majorité de mes rats viennent de l’association Larkencielle. Et comme beaucoup je me suis laissé tenter par une solution de facilité : les annonces « d’éleveurs » sur Leboncoin. Après tout j’avais déjà eu un rat chez un particulier et ça s’était bien passé : pas de maladies, un bon caractère, et une mort naturelle de vieillesse... Et dans le pire des cas j’ai un bon véto NAC sous le coude. Alors qu’est-ce que je risque ?

Si j’avais su

J’ai donc trouvé mi-janvier 2020 une annonce sur cette plateforme d’un « éleveur » ayant eu une portée de siamois. Les ratons sont « nés le mois dernier, sevrés et disponibles ». Je prends donc contact avec cette personne en précisant que j’ai 6 mâles et que je recherche donc un autre mâle pour rejoindre ma troupe.

 22 janvier 2020

Nous prenons la route pour aller chez « l’éleveur » du site de petites annonces. Je suis très enthousiaste d’avoir enfin un raton, moi qui d’habitude adopte des rats de taille adulte, puisque, comme expliqué plus haut, beaucoup viennent de sauvetages.

On arrive chez le propriétaire et là c’est déjà l’horreur : les ratons sont minuscules !

Je lui demande alors :
« Mais ils sont tout petits là ! Ils n’ont pas 7 semaines, si !? ».
Et lui de me répondre : « Ah oui oui, ça c’est sûr ils sont sevrés y’a pas de doutes là-dessus ! Il ne me reste que les 3 derniers mâles ici ».
Je regarde d’un peu plus près quoique toujours septique. Les ratons sont bien séparés des parents, je les vois manger seuls et ils ont l’air en bonne santé. Et puis maintenant que je suis là… Je choisi mon raton en comparant les 3 sexes. Ils sont bien identiques mais je ne vois pas de testicules. J’imagine naïvement que c’est parce qu’ils sont encore trop petits. Devant mon air hésitant, l’éleveur insiste :
« C’est bien un p ‘tit mâle, il ne me reste que des mâles ».

Je repars donc avec mon raton mais dans la voiture j’ai déjà un drôle de pré-sentiment : dans quelle histoire douteuse je me suis embarquée ? 

Arrivée à la maison je décide de peser « la crevette » et là c’est l’horreur à nouveau : je me retrouve avec un raton de 42 grammes ! Je vérifie sur internet, c’est le poids moyen d’un raton de 3-4 semaines. Je demande conseil sur le groupe facebook de Larkencielle et d’après mes photos on me dit qu’on m’a refilé une femelle et qu’au vu de son âge elle ne doit pas rester seule plus longtemps, et que je devrais, si possible, penser à faire « sauter » la quarantaine avec un mâle castré.

24 janvier 2020

J’ai rendez-vous chez le véto pour le sexage du raton. Comme une photo c’est parfois trompeur je préfère avoir un avis d’une personne ayant eu le raton sous les yeux. En le voyant ma véto s’exclame :

« Oh non ! Mais il est tout minus !! ».

Inquiète, elle me demande s’il mange bien et l’ausculte. Pas de soucis particuliers, mais on est clairement sur un raton de 3-4 semaines qui n’est pas du tout sevré psychologiquement. La véto regarde le sexe et c’est difficile à confirmer. On ne voit pas de testicules mais on ne voit pas d’orifice pour la vulve non plus. C’est probablement un mâle avec un retard dans la descente des testicules. Dans le doute elle me conseille de le mettre avec mes mâles castrés uniquement.

Je rentre à la maison et fait la présentation avec Lumos. Il a un bon caractère, ça ne devrait pas poser de problèmes. Ils passent deux jours ensemble avant de présenter cette fois-ci Perceval. Mais ça ne se passe pas aussi bien, Perceval l’attaque aux parties génitales. On est dimanche, j’appelle en urgence ma vétérinaire : mon petit raton est blessé et il saigne. Finalement, rien de grave, il faudra juste attendre que ça cicatrise.

30 janvier 2020

J’ai rendez-vous au véto pour Viserion aujourd’hui. Il a un abcès sous la peau. J’en profite pour emmener mon raton que j’ai baptisé « Timon » pour un nouveau sexage. Je ne tombe pas sur ma véto de l’autre jour, mais celui que j’ai est fixé sur un mâle lui aussi. Toujours pas de vulve visible. Mais pas encore de testicules descendus. La thèse du retard se confirme, le raton n’a que 5 semaines environ, donc elles ne devraient pas tarder à arriver, enfin.

En rentrant à la maison, certaine d’avoir un mâle, je décide de former un trio calme avec Tyrion, Lumos et Timon. Tyrion est un vieux rat très gentil, je n’ai pas de soucis à me faire avec lui. Et mes autres gugus de la troupe l’embêtent trop. Je vais garder ce trio jusqu’à ce que les gugus se soient calmés et que Timon soit assez grand pour pouvoir se défendre face à eux.

7 février 2020

Je crois enfin voir un début de testicules qui descend chez Timon. J’en parle sur le groupe facebook de l’asso mais on me dit que le sexage semble vraiment mauvais et à nouveau que j’ai très probablement une femelle… Et là c’est la panique totale ! « Il » ou « elle » est avec Tyrion qui, lui, n’est pas castré, et ce depuis une bonne semaine ! Je ne sais plus quoi penser ni quoi faire…

8 février 2020

Ni une ni deux, le lendemain je retourne encore au véto pour le sexage. Et là c’est l’horreur encore une fois ! On m’annonce que j’ai une femelle : la vulve est apparente et ouverte ! Elle était cachée sous la morsure de Perceval… Ma jeune ratonne à tout juste 7 semaines mais elle peut être gestante car mature sexuellement. Je suis angoissée et perdue : soit je fais stériliser la petite pour stopper la gestation au passage, soit je prends le risque d’avoir une portée et de perdre « Prunille » qui est beaucoup trop jeune pour une gestation et une mise bas… Prunille pèse maintenant 95 grammes.

Je demande conseil sur le groupe. La stérilisation semble être la meilleure option car après plusieurs avis, j’en déduis qu’au moins, elle aurait en plus l’avantage de limiter d’autres problèmes liés aux tumeurs mammaires.

[Ndlr : Difficile pour nous de conseiller un cas aussi complexe. Nous avons donné plusieurs options, mais aucune ne présentait vraiment d’avantages pouvant contrer les risques à un âge aussi jeune…]

11 février 2020

Ma véto m’a proposé de faire gratuitement une échographie pour Prunille. Elle me prévient que l’on risque de ne rien voir, mais elle sent que je suis complètement perdue par cette situation et c’est sa façon de m’accompagner pour la prise de décision. C’est l’une des choses les plus agréables de cette histoire : pouvoir voir comment se passe une échographie chez la rate ! Comme elle me l’a annoncé juste avant, on ne voit rien de spécial, mais si Prunille est en début de gestation on risque de passer à côté. On pèse le pour et le contre pour une stérilisation. Dans mon cas ce serai bénéfique sur le long terme contre les tumeurs mammaires mais aussi parce que je n’ai que des mâles et ça pourrait me permettre de l’intégrer avec eux. Ma véto me rassure, ils ont déjà pratiqué cette chirurgie sur des hamsters, gerbilles et autres ratons. Bien sûr, elle me précise que le risque zéro n’existe pas lors de l’anesthésie, mais ils ont déjà opéré 5 de mes rats et je n’ai jamais eu de soucis alors je suis confiante. Nous fixons le rendez-vous pour la stérilisation au lendemain.

12 février 2020 

C’est le jour J. Prunille va être opérée et tout va rentrer dans l’ordre. Pourtant je suis en stress, j’ai comme un mauvais pré-sentiment. J’ai confiance dans le travail de mes vétos mais le risque lié à l’anesthésie me trotte dans la tête. Ça ne m’est jamais arrivé mais je sens que comme par hasard, ça va tomber sur ma Prunille… J’ai passé les deux derniers jours à la câliner au cas où. Je me suis très attaché à cette petite boule de poils toute douce.

Sur ma pause du midi au travail j’écoute le message laissé sur mon répondeur par le vétérinaire. Ma Prunille est décédée en toute fin d’intervention. Tout se passait bien, le véto finissait son dernier point de suture pour refermer la plaie. Prunille a fait un arrêt cardio-respiratoire, ce fameux risque lié à l’anesthésie… Ma Prunille n’avait que 7 semaines…

Tout ceci ne serait pas arrivé si ce pseudo « éleveur » s’y connaissait, comme il le prétendait, en rats, et s’il n’avait pas cherché à me refiler l’un des derniers ratons restant plutôt que d’être franc… Et le pire dans l’histoire c’est qu’il a quand même eu le culot de me dire de ne pas hésiter à lui demander conseils en cas de besoin !

Je me suis retrouvée dans une situation stressante où j’ai pas mal culpabilisé de ne pas avoir vu dès le départ que j’avais une femelle, j’ai été profondément touchée par la perte de ma Prunille, surtout à un âge aussi jeune : elle avait encore tellement de choses à découvrir. Et Lumos, qui s’en occupait comme s’il s’agissait de son propre bébé, l’a beaucoup cherchée le lendemain de sa disparition. Cette personne n’aura aucun mal à recommencer, et ce sont mes rats qui ont été en première ligne pour payer à sa place.

Alors s’il vous plait, pour vous, et surtout pour vos rats, pour Prunille, soyez vigilants face à ces pseudos éleveurs. Personnellement j’ai eu moins de soucis avec mes 5 rats adoptés chez Larkencielle.

Une dernière fois, merci aux personnes qui m’ont aidées et soutenue dans cette mésaventure. Merci particulièrement à Gaëlle pour ses conseils sans jugements. Et surtout merci à toi Flo de me permettre d’honorer ma Prunille dans cet article…