Il y a quelques semaines nous faisions une saisie. De cette saisie, bonne vingtaine de ratons naissaient et étaient dispatché entre notre asso et celle des ArNACoeurs à Saint Quentin. Sur la vingtaine, nous en avons gardé la moitié, à peu près. Sur cette moitié, nous avons eut différents soucis…
Ces soucis viennent évidemment du fait que ces rats n’ont pas une bonne génétique à la base, et surtout du fait qu’ils n’ont absolument pas le bon âge pour se reproduire. De plus, les rattes ont été bougées et déménagées durant les derniers jours de la gestation, (sur décision de l’ancienne propriétaire.) des conditions dégueulasses, donc, pour un tel travail. Je reste intimement convaincue que la personne qui nous les a confiées savait très bien que les rattes étaient enceintes, et qu’elle l’a fait pour ne pas avoir à gérer de telles portées, sachant très bien ce qu’elles impliquent aussi bien moralement que financièrement. Evidemment, nous ne savions pas que les rattes étaient pleines, ce qui a donné lieu à une situation très intéressante et surprenante…
A la fin, quand la cinquième ratte a mis bas, c’était de l’improvisation totale. Nous n’avions ni assez de cages pour séparer toutes les femelles, ni les moyens de les acheter. Nous avons galéré pendant plusieurs mois, et nous en voyons à peine le bout. S’ajoutent aux soucis logistiques les soucis liés aux portées elles-mêmes. Certaines rattes avaient plus de deux ans, d’autres seulement quelques semaines. Nous avons eu des rex avec un énorme retard de croissance, des petits abandonnés par leur mère, des malformations… A partir du moment où cinq rattes sur six ont mis bas, nous avons décidé de ne pas les laisser repartir chez leur ancienne propriétaire sans garanties de sa part qu’elles ne seraient plus saillies. Chose que la propriétaire a refusée, mais c’est une autre histoire.
Ce dont je veux vous parler aujourd’hui, c’est de l’inconscience de certains qui ont envie de reproduire leurs rats « parce qu’ils sont beaux » ou « parce qu’ils les aiment et qu’ils veulent des bébés d’eux » ou plus sale encore, parce que « c’est drôle », parce que « c’est la nature », et juste pour les revendre…
Déjà, à savoir, revendre les bébés d’une portée n’est autorisé qu’une fois par an pour un particulier. Si vous croisez souvent les mêmes personnes encore et encore sur le bon coin, et qu’ils ne sont pas professionnels, ce sont de gros connards. Ensuite, on ne reproduit pas des rats n’importe comment. Une portée peut aller jusqu’à une vingtaine de ratons et, potentiellement, vous pouvez tous vous les coltiner jusqu’à leur décès. Si vous n’êtes pas capables d’assumer une telle responsabilité, alors ne le faites pas. Et la solution n’est pas de les abandonner dans les associations, devant le vétérinaire, ou en forêt, merci.
Et une fois que vous avez passé tous ces points en revue, demandez vous d’où vient votre rat et s’il est apte à reproduire. Excepté en ayant le suivi de sa lignée sur plusieurs générations, vous n’aurez jamais la réponse à cette question. Ce n’est par parce qu’il est sympa avec vous quand vous l’emmerdez une fois toutes les semaines qu’il ou elle sera une super maman ou un super papa. J’ai vu des rats devenir agressifs hormonaux après une saillie. J’ai vu des rattes devenir très agressives pendant et après la grossesse. J’ai vu des rattes manger leurs ratons, ou les abandonner, ou juste décéder. S’il vous plait, arrêtez de vous dire que reproduire, c’est la nature, et donc simple. La nature est cruelle, et vos animaux sont sous votre responsabilité. Libre à vous de laisser la nature avoir affaire à vos protégés, mais n’oubliez pas que tout cela se passe parce que VOUS l’avez décidé. Et assumez. Ah, et pour terminer en beauté, dites-vous bien que même si tout se passe bien pour les adultes, les bébés, eux, pourraient NE PAS aller bien.
Il y a des centaines de rats à l’adoption. Pensez-y.
Au total, ici, les rats s’en sortent bien. Il y a eu trois décès à la naissance d’une des portées (petits abandonnés) et c’est presque tout. Certains rats semblent chroniques (une rex) et deux autres sont en retard de croissance. Rien d’atroce vous me direz. Vous ajouterez à cela le cas de Ciri, la ratte pour qui j’écris cet article, décédée le Lundi 11 décembre 2017.
Ciri, c’était une ratte extraordinaire qui a payé très cher d’être le fruit de l’union de deux rats trop jeunes pour reproduire, union elle-même décidée par une abrutie finie d’humaine.
Ciri, c’est à peine 10 semaines de bonheur. Elle a toujours été douce avec nous, à demander qu’on la prenne, à nous léchouiller les doigts, à nous chercher dès le réveil, et à ne pas vouloir retourner dans la cage après les soins (nourriture en extra). Ciri, elle me manque. Sa présence était inversement proportionnelle à sa taille. Elle n’a jamais dépassé les 50 grammes. C’est vous dire tout le bonheur qu’elle nous a fourni. Ciri avait l’habitude de trier les extrudés à grands coups de pattes arrières, et aimait se nicher sur Z, notre ratte dominante, pour dormir. Notre petit rayon de soleil permanent, quoi qu’il lui en coûte. Une ratte qui méritait tellement mieux. Tellement plus. Tellement tout. La seule chose dont je suis certaine, c’est qu’au moins, elle ne souffre plus, et peut trier tous les extrudés qu’elle souhaite. Nous devions a Ciri d’écrire cet article, et de vous partager notre expérience.
Bien sûr, nous ne sommes pas une raterie, et n’en serons jamais une. Je vous parle de notre expérience en tant qu’association, et donc de l’expérience de recevoir des rattes parfois pleines, qui ne sont plus éligible à la piqûre abortive ou que nous n’avons pas diagnostiquée du tout comme enceinte. Je trouve que c’est important de communiquer à quel point une portée peut coûter, autant financièrement qu’émotionnellement, surtout quand je vois certaines publications sur certains groupes Facebook.
Voici donc le compte rendu de l’état de Ciri, semaines après semaines
A 0 semaines : Ciri fait partie de la première portée surprise. Au total trois ratons vivants sur six. Comme nous n’avions pas détecter leur état, nous n’avons pas tout de suite vue qu’elles avaient mis bas, et nous sommes arrivés trop tard pour les trois ratons décédés. Ciri et deux de ses frères font partie des vivants. L’un d’eux a été placé, l’autre attend toujours de trouver sa famille pour la vie. Aucun signe de malformation apparent. Une légère tache un peu plus rose sur le bout de son museau, c’est tout.
A deux/trois semaines, Ciri grandit aussi bien et vite que ses deux frères. Très éveillée, elle adore se bagarrer avec le plus grand des deux. Elle est très gourmande et adore squatter les mamelles de sa maman.
A quatre semaines, nous remarquons une légère déformation au niveau du museau, que nous n’avions pas identifiée auparavant. (Personnellement je pensais que c’est elle qui refilait parfois sur le côté ou autre, j’ai mis du temps a voir que c’était « permanent ». De plus, c’était vraiment très peu visible.) C’était très légers et a peine visible. Pas trop d’inquiétude a première vue. Son comportement était quant à lui vraiment touchant. Toujours à venir nous squatter l’épaule, léchouilles en pagaille, la vraie petite ratte amoureuse de l’humain. Très sage, et adorant les câlins, il lui arrivait, entre deux bagarres avec ses frères, de s’endormir contre nous.
A cinq semaines, nous remarquons que son frère est beaucoup plus gros qu’elle. A peu près 100 grammes pour son frère, 39 pour elle. On commence les extras. Elle se blesse à la patte arrière droite, on désinfecte.
A six semaines, Elle est toujours aussi petite, et son frère ne cesse de grandir. On prend la décision de la garder. Son museau semble encore plus malformé. Nous continuons les extras. La patte arrière droite va mieux.
A huit semaines, elle intégrait définitivement notre troupe. Toujours pas de prise de poids, et son nez commence à la gêner. On voit maintenant bien clairement qu’il est malformé. Elle est toujours à venir nous voir, toujours à nous squatter, et passe une bonne partie de son temps dans la gamelle de bouffe. A force de l’observer, on se rends compte que son nez la gêne parce qu’il est très écrasé. On ne peut rien faire, elle ne semble pas en souffrir, elle est vive, elle mange, on lui donne juste des extra liquides parce qu’elle ne grossit pas. Certains autres rats sont touchés par ce problème de croissance ralentie, alors pareil, on ne s’alarme pas, et on y croit fort.
A neuf semaines, elle a pris quelques grammes, mais c’est là que tout s’enchaîne et que l’on comprend vraiment. Son museau est trop malformé et écrasé pour que les dents du haut poussent. Total, elle semble ne manger qu’au prix d’énormes efforts, d’où les nombreuses heures dans la gamelle. Elle est courageuse, et toujours aussi pot de colle, mais on s’interroge sur son avenir. A partir du moment où on se pose toutes ces questions, on se rend compte que ses dents du bas commencent à être très longues. Elle semble de plus en plus gênée par son nez. Elle éternue souvent et se le nettoie constamment. J’ai tenté sur les photo de prendre la partie dents/museau. Elles datent de la veille de son décès. On peut voir que la partie séparant le museau de l’ouverture de la gueule est très petite…
A 10 semaines : Décès. Un peu avant 10 semaines en fait. Elle ouvrait la gueule de manière désordonnée et semblait chercher de l’air. Elle est décédée dans mes mains avant qu’on ait pu l’emmener chez le vétérinaire pour qu’elle parte paisiblement.
Le décès de cette ratte me pèse, déjà parce que j’adorais qu’elle déambule sur mon sweat, et qu’elle avait un caractère vraiment adorable, mais surtout parce qu’elle a eu une vie extrêmement courte et que sur cette vie très courte, elle a probablement souffert sur une bonne partie…
C’est la première fois qu’en subissant le décès d’un de nos protégés j’ai ressenti de la rage. Ciri était toute douce, innocente et frêle. Elle n’avait rien demandé à personne, elle. Elle nous a donné d’incroyables souvenirs, et je suis folle de rage contre cette personne qui a joué avec ses rattes pour en arriver à un tel résultat. Si les rattes avaient été respectées, Ciri ne serait probablement pas née, je ne l’aurais surement pas connue, mais au moins, elle n’aurait pas souffert.
Faites attention à ce que vous faites, s’il vous plait, et respectez vos animaux.
La pauvre petite est décédée de détresse respiratoire due à une malformation, c’est un combo des 2 décès que j’ai eu des ratons de cette très chère mademoiselle je joue avec la vie.
Mes louloutes méritaient plus que 10 et 4 mois … et Ciri méritait également beaucoup plus …
N’oublie pas que nous sommes là si tu as besoin. L’autre connasse ne s’en sortira pas comme ça. Ce ne serait pas juste qu’elle s’en sorte sans rien payer après avoir joué avec de petits êtres innocents …
Gros bisous, et bon courage pour ton dernier sauvetage. Ciri devra être ta motivation à ne pas laisser vivre des ratons issus de ce genre de lignée, et ce de genre d’endroit …
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Vi, j’y ai pensé aussi, à tes deux patates décédées. C’est un peu la loose quand même, tous ces rats morts, et j’espère sincèrement qu’elle devra payer cher, pour toutes les vies qu’elle a abîmées =[ (Oui, Ciri m’a gentiment convaincue. Si un jour j’hésite, elle me reviendra en pleine figure.)
Merci pour ton soutien kopine ! ❤️
Bon courage à toi aussi ☺️
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